Le nouveau Projet de loi de finances 2021 était voulu comme un texte porteur d’espoir pour l’économie nationale, dans ce contexte de crise sanitaire. Qu’annonce alors ce projet et quels changements va-t-il apporter pour les Tunisiens ? Quels sont les grands enjeux qui se posent ? Quelles sont les priorités de la nouvelle année ? Quelle serait la démarche requise pour accéder à un palier supérieur de développement ?
Ledit PLF est un projet économique et budgétaire qui est supposé soutenir l’économie nationale et trouver des solutions idoines à la crise socioéconomique et sanitaire que traverse le pays.
Les économistes, tout comme les experts et les citoyens, ont placé beaucoup trop d’espoirs sur le PLF pour redresser la barre, car la situation économique, financière et sociale demeure tendue, marquée par des résultats bien en retrait des objectifs de ce projet avec notamment: une croissance atone, une accélération de l’inflation, un maintien du chômage, une aggravation du déficit de la balance des paiements courants, une baisse du taux d’investissement, une situation des finances publiques demeurant préoccupante avec une dette publique atteignant 83% du PIB en 2019, une importante accumulation des pertes au niveau des entreprises publiques, des disparités régionales…
Néanmoins, le PLF aurait pu avoir plus d’efficacité et de ciblage s’il avait été préparé dans le cadre d’une vision socioéconomique globale et cohérente. On s’attendait à ce que ce PLF 2021 apporte des réponses concrètes et urgentes aux contraintes qui se posent à l’économie tunisienne et aux nombreuses attentes des Tunisiens. On s’attendait à ce que ce projet engage une panoplie de mesures pour rétablir la confiance des opérateurs, amorcer la relance de l’investissement et rétablir la dynamique de croissance sur des bases viables financièrement et soutenables socialement. La crise qui secoue la société tunisienne est une crise aiguë à caractère multidimensionnel. C’est une crise politique marquée par la dilution du pouvoir politique avec un exécutif à deux têtes, un pouvoir législatif tiraillé par des courants politiques ne partageant pas la même vision de société et le même modèle de développement. A l’évidence, le contexte sociopolitique prévalant depuis 2011 a engendré d’importants retards de mise en œuvre et d’exécution des réformes préconisées en raison de la précipitation dans la préparation de certains textes de loi, des tiraillements politiques et, souvent, de la résistance des partenaires sociaux à l’égard de certaines réformes. Ces retards et écarts enregistrés dans la réalisation des projets de développement dans toutes les régions de la République sont à l’origine de la crise sociale actuelle, la montée des revendications tous azimuts, les nombreux débrayages et grèves, les occupations des lieux de travail et les blocages de routes… acculant les pouvoirs publics et les opérateurs économiques à privilégier le court terme et les concessions sociales au détriment des exigences de la préparation de l’avenir.